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OverGame: Fahrenheit : Entretien David Cage / part 2 : Gaulois, à ses risques et périls

Réalisateur inspiré de The Nomad Soul au point de réussir à entraîner le white dandy du rock David Bowie dans l'aventure, David Cage s'est arc-bouté depuis sur ses convictions et sa méthode pour réaliser Fahrenheit. Chef d'un des rares studios de jeu vidéo français résistant à la crise du milieu, il parle franc comme un irréductible faisant front aux invasions barbares du jeu vidéo. Quelle est sa potion magique ?

Après avoir évoqué, dans la première partie de cet entretien exceptionnel, ses origines, ses ambitions de game designer et ses relations conflictuelles avec le médium cinéma, David Cage, le réalisateur français de l'excellent Fahrenheit, parle sans détour de la scène française du jeu vidéo toujours en crise et revient sur son premier projet, The Nomad Soul, qui aura, finalement, une suite.

Vous trouverez ci-dessous dans cette deuxième partie les chapitres…
Jeux vidéo français : un milieu en crise / Fuite des cerveaux français / Nomad Soul : vague à l'âme

Vous déclarez le jeu d'aventure "mort" pour annoncer l'avènement de votre propre jeu d'aventure : Fahrenheit. C'est le milieu des jeux vidéo qui pousse à trouver des formules fracassantes ? Votre éditeur ? Les médias ? Ou l'ego du créateur ?
David Cage : C'est uniquement l'ego de l'artiste (rires). Ce que je voulais dire, c'est que le jeu d'aventure tel qu'on l'a fait jusqu'à maintenant, lent, à la LucasArts, les inventaires de 2 km, le jeu super long où il faut se placer au pixel près pour faire la bonne action, dans le bon ordre, supporter 2h de dialogues, ça à mon avis, c'est un genre qui est m.o.r.t.. Il y en a encore quelques uns qui essaient de persévérer là-dedans mais je ne comprend pas pourquoi ils le font. Je ne joue plus à ça. Par contre, je pense que c'est un genre qui a un potentiel extraordinaire, le seul genre, avec les jeux de sport, à pouvoir toucher le grand public, déborder de la niche des hardcore gamers et vraiment parler à la masse. Mais il faut le penser différemment. C'est ça que je voulais dire avec cette formule un peu lapidaire. C'est le genre qui a le plus de potentiel. Voilà pourquoi on fait Fahrenheit qui est un jeu, pour résumer, d'aventure, mais qu'on espère avec une nouvelle approche.

Pourquoi, avant de rejoindre Atari, avoir signé avec le tourmenté Vivendi Universal plus connu pour ses développements de licences que pour ses créations ?
C'était le coup de cœur de Christophe Ramboz qui est le Président de VU Games. Il avait vraiment adoré l'ambition de mélanger cinéma et interactivité et le fait d'aller vers le grand public. Il avait une envie très forte de pousser le développement en Europe et de faire en sorte que VU Games n'ait pas que des titres américains dans son catalogue.

Quelle expertise un éditeur peut-il apporter à votre travail ? Une vision ?
Ce n'est pas le travail d'un éditeur d'avoir une vision sur le produit. Il doit le comprendre, comprendre ce qu'il signe, s'assurer que cela correspond à sa compréhension du marché, mais ce n'est jamais sain quand l'éditeur fait du game design. Pour un jeu comme Fahrenheit, le jeu d'une équipe, ça ne peut pas être le jeu d'un éditeur. Évidemment on se met bien d'accord sur ce qu'on fait, on explique vraiment la vision, on fait en sorte de la partager au début, mais une fois que le train est lancé, ça n'a pas de sens pour un éditeur de s'immiscer dans le développement. Il y a un travail de collaboration, quand il faut chercher quelqu'un pour la musique, ou autre chose. On en discute.

Est-ce qu'un éditeur vous a opportunément proposé de développer des licences, des jeux GBA, avant de bien vouloir financer votre projet ?
C'est un truc de fou ça. Non, Quantic Dream n'est pas un studio qui fait de la commande. On ne sait faire que des jeux qui nous passionnent. On se considère vraiment comme un studio de création plus que comme un prestataire de service. Nous ne sommes pas capables de faire un jeu de plateforme parce qu'on vient nous le demander. Il y a des choses qu'on sait faire et d'autres qu'on ne sait pas faire.

Un éditeur impose forcément ses conditions…
Nous avons eu énormément de chance – je touche du bois – jusqu'à présent nous avons réussi à travailler avec des gens qui respectaient la vision qu'on avait, ce qu'on voulait faire. Aucun éditeur n'est venu m'imposer quoi que ce soit. Ni Eidos sur Nomad Soul, ni Vivendi sur Fahrenheit. Je pense qu'ils sentent qu'il y a une vraie vision du produit, une vraie intention derrière. Donc ils s'immiscent très peu.

Que pensez-vous de l'action de l'APOM (Association des Producteurs d'œuvres Multimédia) auprès du gouvernement, ou des autres associations représentatives ? Êtes-vous impliqué ? *
Auparavant, historiquement, les développeurs de jeu n'étaient pas représentés. Le Sell (Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs) qui existe depuis longtemps est très actif, notamment à travers son Délégué Général Jean-Claude Larue, mais il n'y avait rien pour les développeurs. Il y a deux ou trois ans, j'ai ressenti une vive inquiétude en voyant les développeurs français "mourir" les uns après les autres dans l'indifférence générale et en voyant de plus en plus d'éditeurs partir à l'étranger, délocaliser, et ne plus donner de travail aux développeurs en France. J'ai fait une lettre ouverte au gouvernement en expliquant :

"Je suis un acteur de l'industrie française, voilà ce qui s'y passe, si on ne fait rien elle va intégralement disparaître. Ce serait dommage parce que c'est une industrie stratégique à la frontière de la technologie et de la culture. On fait partie des rares produits culturels capables de s'exporter et de se vendre à l'étranger, aux américains. On a des gens qui ont beaucoup de talent, qui sont très bien formés, on a d'excellentes écoles ici, un réservoir de ressources humaines inépuisable et de très grande qualité. Donc ne laissons pas les choses se dégrader et disparaître parce que cela prendra beaucoup de temps jusqu'à que l'on puisse recréer un tissu industriel équivalent."

Cette lettre ouverte a soulevé beaucoup d'intérêt dans notre industrie. Une espèce de mouvement spontané s'est créé qui a donné lieu aux États généraux du jeu vidéo. Cette fois les gens de l'industrie française se sont concertés tous ensemble sur un texte : développeurs, l'APOM, des auteurs, tous les créatifs qui constituent ce métier.
* (en avril 2005, Guillaume de Fondaumière, Directeur Adjoint du studio Quantic Dream, a été élu Président de l'APOM, ndr)

Sans les éditeurs ?
Sans eux, oui. Ce texte destiné au gouvernement a été signé par plus de 5000 personnes, via une pétition sur le net. C'est à ce jour le texte qui a le plus été soutenu par l'industrie et puis… il a été un petit peu enterré, malheureusement, pour des raisons purement politiciennes, parce que ce mouvement n'était pas vraiment contrôlé, il ne se voulait pas contrôlé, il n'y avait pas de président. Je ne voulais pas en prendre la tête même si j'avais été à l'origine de l'initiative. Je voulais garder ce mouvement aussi populaire que possible. Donc ça a été joyeusement enterré, et quand je regarde le rapport Fries (étude cartographiant le désastre du milieu du jeu vidéo français rendu fin 2003 au Ministère de l'économie et des finances par Fabrice Fries, Conseiller référendaire à la Cour des Comptes, ndr) qui ne fait rien d'autre que le même constat deux ans plus tard pour proposer les mêmes solutions, je suis très content et aussi un peu frustré qu'il ait fallu deux ans pour revenir à ce que je disais. Ça fait partie des petites choses qui m'agacent.

La crise de la scène française du jeu vidéo provoque une compétition ou au contraire de la solidarité entre les développeurs ?
C'est un milieu très atypique par rapport à d'autres industries. Nous ne sommes pas réellement en compétition les uns avec les autres. On essaie de réfléchir ensemble plutôt que de se tirer dans les pattes. Il n'y a pas de compétitions parce qu'aujourd'hui quand moi je fais Fahrenheit, personne d'autre en France ne peut le faire. Mais en même temps quand un développeur français fait Top Spin (simulation de tennis sur Xbox réalisée par PAM, ndr), personne d'autre en France ne peut le faire. Par contre c'est un métier où, paradoxalement, il n'y a aucune solidarité. On est tous copain on se connaît tous, on sympathise tous, mais quand il s'agit de faire des choses vraiment ensemble, partager des ressources, il n'y a presque plus personne. C'est encore pire lorsqu'il s'agit de réfléchir ensemble à l'avenir de ce métier. On a l'impression que chacun défend pour le coup des intérêts un peu partisan et voit midi à sa porte. C'est une situation qui est d'autant plus stupide que cette industrie aurait vraiment besoin de ça. Il y a tout de même quelques initiatives intéressantes comme celle de SPL (Capital Games : Système Productif Local) menée par Frédéric Weil qui regroupe les entreprises du secteur des jeux vidéo parisiens et les encourage à l'entraide avec partage de ressources, organisation de salons… Des initiatives qui vont dans le bon sens.

Comment entretenez-vous votre studio de 30 à 50 salariés pendant plusieurs années après The Nomad Soul pour travailler sur un autre projet comme Fahrenheit ?
Nous sommes allés chercher des investisseurs financiers au bon moment, avant qu'Internet flambe, en leur disant : voilà, on a une jolie boite, on a fait Nomad Soul avec David Bowie, on a des articles de presse un peu partout, Time Magazine a écrit que Nomad Soul préfigure le futur du jeu vidéo, on a d'autres idées, d'autres projets, on est en train de développer la technologie, l'entreprise, on a des projets qui sont prometteurs, est-ce que ça vous intéresse de rentrer dans le capital de la société ? Et on a levé 28 millions de francs en 2000. Je voulais avoir un ou deux ans tranquilles pour développer une nouvelle génération de technologies. L'industrie est dans un creux, plutôt que de faire de l'alimentaire en faisant des sites Internet comme tout le monde, j'ai préféré me mettre à l'abri, préparer l'avenir. Et comme on sait que l'industrie du jeu vidéo est cyclique et que, à un moment, le balancier revient, je veux pouvoir préparer le moment où l'industrie va revenir. C'est ce qu'on fait en développant la techno, l'infrastructure de la boite et le concept de Fahrenheit sans éditeur aux fesses qui vous réclame une démo jouable sinon il ne développe pas la suite.

Vous évoquez la délocalisation… Que pensez-vous du développement de la communauté franco-canadienne chez les éditeurs Electronic Arts et Ubisoft ?
Ce qui se passe est un drame total pour la France. Encore une, fois je dénonçais la fuite des cerveaux il y a trois ans, et à l'époque personne n'y voyait un problème. J'allais régulièrement parler à des éditeurs aux États-Unis où j'avais souvent à faire à des français ! Je leur demandais ce qu'ils faisaient là ? "On est mieux payés, c'est plus intéressant. On est partis". Et je voyais des gens qui avaient des profils extrêmement intéressants, des gens de valeur qui étaient en train d'apporter leur savoir faire aux américains. Ou aux anglais. Et c'était dans tous les secteurs ! J'ai vu ça chez des designers, des infographistes, des programmeurs, chez les gens du marketing, du business, à tous les niveaux. Tous ces gens qui travaillent pour Electronic Arts, pour les plus grands éditeurs du jeu vidéo, sont partis. Ubisoft est en train de délocaliser concrètement toute sa prod à Montréal (en 2004, l'éditeur français a recruté 500 personnes pour ses studios internationaux en excluant publiquement de recruter en France, ndr). Ils sont présents à Shanghai, au Maroc, à Montréal, partout. Le PDG d'Ubisoft Yves Guillemot l'a dit à plusieurs reprises : il n'est pas possible de travailler en France, c'est trop compliqué et trop cher. Et donc que fait-il ? Il va faire travailler des canadiens, des américains, des chinois, il va expatrier des français pour aller faire ça ailleurs, dans des endroits où il y a un tissu économique et industriel un peu plus intéressant qu'aujourd'hui en France.

Est-ce si grave ? On sent bien une qualité française dans les Prince of Persia et Splinter Cell justement faits au Canada…
Bien sûr que c'est grave. À Montréal, ils font travailler des canadiens. La logique est d'envoyer 4-5 mecs d'Ubisoft France pour chapeauter 200 canadiens à Montréal. C'est ça la logique et c'est ça qui se passe. Et c'est pareil en Chine. Et l'expertise est aussi en train de se barrer puisque quand vous allez faire travailler des chinois, vous leur apprenez comment on travaille ici. Mais le plus grave est que pendant ce temps là les développeurs ferment leurs studios en France. Il faut savoir qu'il y a très peu de développeurs français qui travaillent pour des éditeurs français. Et surtout il y a tout un savoir-faire et un tissu économique qui sont en train de se barrer. Quand on voit qu'Electronic Arts ouvre du jour au lendemain un studio de 600 personnes à Montréal alors que pendant longtemps ils étaient 20, c'est hallucinant ! Je milite depuis longtemps pour qu'on prenne conscience de cette situation en France.

Profitez-vous des nouvelles mesures d'aide gouvernementales ?
Il y a aujourd'hui un décalage entre les annonces et les faits. Quand on lit les journaux, quand on parle à des étrangers, ils nous disent : "c'est incroyable, en France vous recevez de l'argent tous les jours de la part du gouvernement ! Vous êtes quasiment subventionnés " ! Alors on explique que "c'est vrai il y a eu des annonces, mais non, sur le terrain on n'a pas eu grand chose". On a vu le FAEM (Fonds d'Aide à l'Édition Multimédia), mais il existe depuis des années. On en avait bénéficié bien avant les annonces qui ont été faites. Il n'y a rien de vraiment concret (au titre de "fonds d'aide à la production", une enveloppe de 30M€ d'euros pilotée par l'APOM a été promise par la Ministre Déléguée à l'Industrie Nicole Fontaine fin 2003, ndr). Parmi les "grandes annonces" il y a la création d'une grande école pour former des ingénieurs du jeu vidéo (Ecole Nationale Supérieure des Médias Interactifs à Angoulême). On est très content, sauf qu'il existe déjà l'école Supinfogame (à Valenciennes) et qu'on ne voit pas comment cette industrie a les moyens d'absorber les gens qu'on va former alors que les entreprises coulent. On est en train d'investir dans la formation de gens qui vont partir à l'étranger parce qu'ils ne vont pas trouver de travail en France. Ça ne me semblait pas la mesure prioritaire.
Sorti en 1999 sur PC et Dreamcast, le 1er jeu du studio Quantic Dream a été long à accoucher mais fait désormais partie de la grande histoire du jeu vidéo…

Vous avez travaillé avec David Bowie sur le jeu The Nomad Soul, Enki Bilal est venu tourner des scènes de son film l'Immortel dans votre studio Quantic Dream… Comment faites-vous pour attirer de tels talents et que retenez-vous de ces collaborations ?
Il faut de l'enthousiasme, être vraiment convaincu de ce qu'on fait pour être capable de convaincre les autres. C'est aussi bête que ça. Je suis passionné par ce que je fais et je crois que j'arrive à communiquer cette passion. Et je frappe aux portes. J'en retire un truc énorme : c'est possible ! Il est possible d'attirer des gens de ce calibre là sur des projets qui ne sont pas basés uniquement sur l'argent mais sur l'envie de faire quelque chose ensemble. Sur un vrai désir de challenge créatif. Et que des gens aussi importants et talentueux que David Bowie puissent consacrer du temps au média jeu vidéo est pour moi la vraie bonne grande nouvelle. A titre personnel, ce fut une expérience fantastique parce que c'est quelqu'un qui a vécu et fait des choses extraordinaires, qui a une aura extraordinaire. Et surtout, il m'a montré quelque chose que je savais intellectuellement mais que je n'avais pas vraiment pratiqué, c'est qu'on peut se servir de la musique soit pour renforcer l'image et dire la même chose que l'image, soit pour dire quelque chose que ne dit pas l'image et que sous-entend l'image. Ma première démarche quand j'ai commencé à en parler avec Bowie était de vouloir une musique glauque, inquiétante, sombre, qui représentait le jeu et son univers inquiétant. J'avais envie d'une musique qui renforce ce côté là. Et puis Bowie est venu avec une idée complètement opposée en disant :
"Puisque c'est un monde complètement déshumanisé, faisons en sorte que la musique, elle, soit la dernière chose humaine dans cet univers. Le contraste va renforcer l'impression que tu veux donner plutôt que de remettre une couche de la même chose"
. Donc il est venu avec des chansons hyper mélodiques, avec des guitares électriques, des choses très harmonieuses au contraire, et très humaines (2h30 de musique instrumentale + 8 morceaux retrouvés sur l'album Hours, David Bowie/Reeves Gabrels, 1999, ndr). Ça m'a beaucoup surpris. On était parti sur quelque chose de beaucoup plus froid que ce qu'il avait fait. J'ai mis un peu de temps à m'y faire, et puis j'ai vite compris que, bien sûr, il avait 100 000 fois raison, c'était évidemment ça qu'il fallait faire et je ne regrette pas d'être allé dans son sens. C'était une marque de talent et d'intelligence d'avoir eu cette approche là. Le cas de Bilal est un peu différent. Quantic Dream est équipé d'un studio de motion capture qui correspondait à ce qu'il cherchait. Nous nous sommes rencontrés mais c'était plus une prestation de service qu'une collaboration créative.

Avec le recul, quel regard avez-vous sur votre premier jeu ?
Je suis agréablement surpris de l'image qu'il a aujourd'hui. À l'époque nous étions des petits français essayant bon an mal an de faire ce qu'on croyait être bien. Et puis le magazine américain EGM (Electronic Gaming Monthly, n°1 des ventes aux USA, environ 400 à 500 000/mois, ndr) a classé Nomad Soul parmi les 40 jeux qui ont marqué l'histoire du jeu vidéo à côté de trois autres jeux français et de très très grands comme des Zelda, des Mario ! Nous sommes arrivés à un stade où on a l'impression que c'est presque le jeu de quelqu'un d'autre. Beaucoup de gens se le sont approprié. C'est étrange et agréable. On a souvent à faire à des gens qui nous écrivent en connaissant le jeu presque mieux que nous. Il y a une communauté sur le net qui discute d'un hypothétique film The Nomad Soul. Des gens nous écrivent tous les jours pour nous réclamer une suite... Affectivement j'y reste très attaché. C'est le jeu que je voulais faire. Il a plein de défauts mais aussi plein de choses que je voulais faire ou dire sur lesquels les gens ont percuté. Quelqu'un me demandait récemment s'il existait des jeux avec un message politique et je me suis rendu compte qu'il y en avait un dans Nomad Soul. J'en suis assez fier, comme aussi d'une scène particulière relevée par certains journaux. Une scène toute bête où le joueur parti depuis plusieurs jours rentre chez lui quand sa femme, qui le croyait mort, se jette dans ses bras. Une vraie scène de tendresse s'ensuivait où elle lui caressait la joue, ils s'embrassaient et allaient dans la chambre faire l'amour. Je ne m'en rendais pas compte en le faisant. Mais quand je vois le retour des gens depuis, combien cette scène où un personnage manifeste une émotion pour un autre a marqué par rapport à la majorité des jeux vidéo, j'aspire à aller dans cette direction.

Êtes-vous millionnaire suite au succès de Nomad Soul ?
(rires) Non non, c'est un débordement de journaliste qui a fantasmé. Il y a quelques millionnaires dans le jeu vidéo, mais c'est malheureusement l'exception. J'aimerais bien (rires).

Combien estimez-vous avoir vendu d'exemplaires ?
On a beaucoup de mal à avoir des chiffres. On évalue entre 500 et 600 000 pièces vendues. On continue de recevoir des mails de gens qui ont acheté le jeu récemment ! Et ça fait quand même plus de 5 ans ! Pour une raison simple qui m'échappe encore : on n'a pas touché d'argent sur Nomad Soul. Pas un centime. Voilà. Il me semble quand même que le jeu s'est un petit peu vendu.

Vous êtes en procès avec votre ancien éditeur Eidos qui ne vous verse pas de royalties ?
Non, on n'est pas très procédurier. En général pour toucher de l'argent il faut atteindre un certain seuil de vente. C'est à dire qu'au-delà de ce seuil de vente on considère que l'éditeur s'est remboursé (jeu intégralement financé par Eidos, ndr) et à ce moment là les bénéfices sont partagés. Or les discussions portent toujours sur : "Est-ce qu'on a atteint le seuil de vente ou pas ?" On a demandé à plusieurs reprises combien on en a vendu mais impossible de savoir. Eidos ne répond plus. Je ne sais pas s'ils sont morts ou s'il s'est passé quelque chose. Le contrat prévoit qu'on peut leur envoyer un expert comptable mais quand vous voyez combien coûte un expert comptable en Angleterre ! Une fortune. Et puis ça n'est pas forcément bien perçu par les éditeurs que les développeurs envoient un expert comptable vérifier leurs comptes.

La pression de faire un Nomad Soul 2 est-elle importante ?
On y travaille, mais on sait qu'on va devoir batailler pour convaincre les éditeurs parce que c'est de la SF et aujourd'hui ce n'est pas le truc le plus simple à vendre dans le jeu vidéo (le projet The Nomad Soul 2 est néanmoins officiel depuis avril 2005, ndr). Les éditeurs vous disent : "ce qui marchent ce sont les jeux avec la mafia, tu conduis des voitures et…", enfin, vous voyez, ils sont toujours des grands visionnaires… Mais on a vraiment des idées autour d'un Nomad Soul 2 et on en a envie.

Propos recueillis par François B. de la Boissière
Par : Bliss
Source: OverGame.com

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OverGame:Friday, October 14, 2005
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